Les chats ont-ils des groupes sanguins ?
Tout comme chez les humains, les chats présentent divers groupes sanguins, bien qu’ils ne possèdent pas de facteur Rh. Ainsi, la distinction entre les groupes sanguins positifs et négatifs n’est pas pertinente chez les félins. Les enjeux associés à la transfusion sanguine et à la reproduction se concentrent exclusivement sur la compatibilité ou l’incompatibilité des groupes sanguins. En 1962, trois groupes avaient été identifiés : A, B et AB.
Dans cet article, nous vous éclairons sur les groupes sanguins chez les chats, les implications des différents types, ainsi que l’importance de connaître le groupe sanguin de votre félin.
Qu’est-ce que le groupe sanguin chez le chat ?
Les premières observations des groupes sanguins chez les chats datent des années 1900, mais ce n’est qu’à partir des années 1960 que des études plus approfondies ont été menées. L’objectif était alors de comprendre l’importance des différents groupes sanguins dans les cas de transfusion sanguine et de maladies hémolytiques à la naissance des chatons (érythrolyse néonatale).
Les globules rouges possèdent des antigènes à leur surface, et trois groupes ont été distingués : A, B et AB, largement utilisés par la communauté scientifique vétérinaire.
Le groupe A est le plus répandu, le B est moins fréquent mais plus présent chez certaines races telles que le British, le Devon Rex, le Cornish Rex ou le Sacré de Birmanie. Le groupe AB est le plus rare.
La prévalence des groupes varie en fonction de la race et de la localisation géographique. Par exemple, les chats de groupe A sont plus nombreux aux États-Unis, tandis que le groupe B est plus fréquent au Royaume-Uni.
Le groupe sanguin est hérité génétiquement des parents aux chatons selon un mode autosomal. Certains groupes sont dominants (A), d’autres récessifs (B).
Dans le cas de l’allèle dominant, le chat peut être AA (deux allèles A) ou Ab (un allèle A et un b), mais son phénotype sera toujours A. Certains chats A peuvent donc être porteurs de B.
Dans le cas récessif, un chat b aura toujours deux allèles b (et jamais d’A), noté bb.
Le groupe AB est codominant, avec les antigènes A et B présents dans les globules rouges du chat. Les deux allèles contribuent au phénotype sans qu’aucun ne prenne le dessus. On écrit AB.
Le groupe sanguin d’un chat est déterminé par un test spécifique, et il est crucial à prendre en compte dans le cadre de la reproduction en raison de ses implications.
Plus récemment, dans les années 2000, un nouveau type, le MIK, a été découvert. Moins compris que les trois autres, on sait seulement que les chats A, B et AB ont des anticorps anti-MIK qui rendraient une transfusion incompatible. Les porteurs de MIK auraient quant à eux des anticorps contre les autres groupes sanguins. Le MIK est rare et fait encore l’objet de recherches.
Quelles sont les caractéristiques des différents groupes sanguins chez les chats ?
Le groupe A concerne entre 75 et 95 % des chats sans race, c’est-à-dire les chats de maison. Environ 35 % d’entre eux possèdent des anticorps contre les globules rouges du groupe B. Toutefois, le risque transfusionnel n’est généralement pas grave pour eux, car ils en ont en quantité suffisamment faible pour que la réaction ne soit pas mortelle.
Le groupe B est plus fréquent chez certaines races telles que le Norvégien, l’Abyssin, l’Himalayen, ou le Persan (représentant 5 à 25 %), ainsi que le British Shorthair, le Devon Rex, le Birman, le Cornish Rex, ou l’Angora turc (atteignant jusqu’à 50 %). Environ 70 % des chats de ce groupe possèdent des anticorps contre les globules rouges du groupe A à un niveau suffisant pour que le risque transfusionnel soit significatif, pouvant entraîner la mort par hémolyse aigüe, c’est-à-dire la destruction des globules rouges.
Les chats AB sont très rares, représentant environ 1 %. Ils peuvent recevoir du sang A et B, et ils ne possèdent pas d’anticorps contre les globules rouges des autres groupes. On trouve principalement ce groupe chez quelques Birmans, Burmeses, et British Shorthair.
Le dépistage du groupe sanguin est donc crucial pour les chats porteurs du groupe B.
Quelles sont les conséquences et les risques associés aux groupes sanguins chez les chats ?
La connaissance du groupe sanguin d’un chat revêt une importance fondamentale dans plusieurs situations.
Lorsqu’une transfusion sanguine est nécessaire pour l’animal
Une transfusion peut devenir nécessaire suite à un accident, une anémie, ou une intervention chirurgicale, par exemple. L’administration de sang d’un donneur incompatible peut déclencher une réaction immunitaire sévère, voire mortelle. C’est pourquoi les vétérinaires déterminent le groupe sanguin avant toute procédure. Dans des circonstances exceptionnelles et en cas d’urgence avec un chat de gouttière, un professionnel peut présumer que le chat est de groupe A, étant donné que ce groupe est largement majoritaire, afin de sauver la vie de l’animal dans les situations urgentes. Cependant, cette approche est très risquée voire impossible avec certaines races où un nombre important de sujets appartiennent au groupe B.
Dans le cadre de la reproduction féline
Dans les races mentionnées précédemment, il est crucial de connaître les groupes sanguins des parents pour prévenir les maladies hémolytiques des nouveau-nés. Ces maladies surviennent lorsque les anticorps de la mère attaquent les globules rouges des chatons s’ils appartiennent à un groupe sanguin différent. Cette attaque provoque une anémie sévère résultant de l’allaitement, car les anticorps sont transmis par le lait maternel. Ainsi, les éleveurs des races concernées par un nombre important de sujets du groupe B doivent faire tester le groupe sanguin de leurs reproducteurs avant tout accouplement et planifier les mariages en conséquence. La femelle doit être accouplée à un mâle compatible pour que les chatons aient des globules rouges adaptés aux anticorps de leur mère.
Quels sont les accouplements possibles en fonction des groupes sanguins ?
Une femelle de groupe A peut s’accoupler avec n’importe quel mâle, car elle peut allaiter tous les chatons. Même si le père est de groupe B, les chatons seront Ab ou AB, porteurs de l’antigène A de leur mère.
En revanche, une femelle de groupe B ne peut être accouplée qu’à un mâle B, car elle pourrait intoxiquer ses chatons avec son lait s’ils étaient de groupe A par leur père. Bien qu’il soit toujours possible de retirer les chatons de leur mère lors de la mise bas et de les nourrir au biberon, cette méthode est néfaste pour le lien mère-enfant et la socialisation, et traumatise également la mère.
Enfin, une femelle de groupe AB, ne possédant pas d’anticorps, peut être accouplée à n’importe quel mâle et peut donner naissance à des chatons porteurs de tous les groupes sanguins.
Comment connaître le groupe sanguin de son chat ?
La méthode la plus fréquemment utilisée consiste à effectuer un petit prélèvement sanguin qui est ensuite envoyé en laboratoire pour réaliser un test de typage sanguin. Ce test mesure les anticorps spécifiques de l’animal qui réagissent à la présence des antigènes A, B ou AB.
Le résultat du test ne se présente pas sous la forme de lettres représentant le groupe sanguin (ce qui serait trop simple !). Il existe trois types de réponses :
- NN : groupe A ou AB non porteur de b, ce qui signifie que l’allèle b ne peut pas être transmis à la descendance.
- Nb : groupe A ou AB porteur de b, indiquant que la mutation b peut être transmise à 50 % de la descendance.
- bb : groupe B porteur de b, dans ce cas, 100 % de la descendance aura le groupe sanguin b.
Ainsi, en croisant une femelle bb avec un mâle NN, tous les chatons subiront une érythrolyse néonatale. En accouplant une femelle bb avec un mâle Nb, la moitié des chatons risqueront l’érythrolyse, et en mariant une femelle bb avec un mâle bb, aucun chaton ne sera susceptible de développer une maladie hémolytique, car tous hériteront du groupe sanguin de leur mère.
Les avancées récentes dans le domaine du groupage sanguin félin
De nos jours, de plus en plus de vétérinaires adoptent l’utilisation de kits de tests rapides, éliminant ainsi le besoin d’envoyer le sang en laboratoire et d’attendre plusieurs jours pour obtenir les résultats. Ces tests, basés sur l’immunochromatographie, fonctionnent de manière similaire aux tests de grossesse ou de dépistage du Covid-19 : quelques gouttes de sang sont placées dans un diluant, puis le mélange est déposé sur une bande contenant un substrat. Une bande colorée apparaît pour indiquer la réponse après quelques minutes.
Ces tests sont relativement simples à utiliser tout en offrant une fiabilité satisfaisante. Le résultat est obtenu en seulement 10 minutes, ce qui réduit considérablement les risques lors d’une transfusion sanguine. Toutefois, ces tests ne peuvent être effectués que par un vétérinaire.
Parmi les évolutions les plus récentes, la bio-informatique et l’intelligence artificielle se révèlent très prometteuses pour prédire les risques liés aux transfusions. En les intégrant à l’analyse des données génétiques et sanguines, il devient possible d’optimiser l’interprétation des résultats et de prédire des situations qui étaient jusqu’à présent difficiles à anticiper dans des cas complexes.
Que ce soit pour des raisons médicales ou reproductives, la connaissance du groupe sanguin peut faire la différence en termes d’espérance de vie pour un chat. Les propriétaires devraient profiter d’une prise de sang, au moins une fois dans la vie de leur animal, pour effectuer ce test. Ainsi, en cas de besoin urgent de transfusion sanguine, il sera plus facile et rapide de trouver un donneur compatible. Pour les éleveurs, en particulier de races avec de nombreux sujets du groupe B, il s’agit d’une précaution indispensable pour éviter la perte d’une portée entière ou de la moitié. Un simple test suivi d’une planification réfléchie des accouplements peut prévenir des pertes aussi douloureuses pour les mères chats que pour les professionnels qui les accompagnent.